Perspectives d’évolution des pratiques concernant les consultations itératives et la téléconsultation en anesthésie en 2019

En 2017, la SFAR s’est positionné par l’avis du comité de vie professionnelle et d’un avis du comité analyse et maîtrise du risque sur les perspectives d’évolution des pratiques concernant les consultations itératives et la téléconsultation. Dans le cadre de l’optimisation du parcours patient avec des CPA itératives et rapprochées, la SFAR précise plusieurs points présentés dans cet article.

Général
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20.7.2023

Perspectives d’évolution des pratiques concernant les consultations itératives et la téléconsultation.


En 2017, la SFAR s’est positionné par l’avis du comité de vie professionnelle et d’un avis du comité analyse et maîtrise du risque sur les perspectives d’évolution des pratiques concernant les consultations itératives et la téléconsultation.

Dans le cadre de l’optimisation du parcours patient avec des CPA itératives et rapprochées, la SFAR précise :

« Une trace écrite de la décision prise par l’équipe d’anesthésie doit alors figurer dans le dossier, de même que l’accord du patient et des différents intervenants. La visite pré-anesthésique doit mentionner l’absence de modification pathologique ou thérapeutique depuis la dernière consultation ou à l’inverse les éléments conduisant au report de l’intervention. »

Quant aux consultations délocalisées, la SFAR considère que le dossier d’anesthésie doit comporter les mentions relatives a :

• L’information et l’accord de l’équipe d’anesthésie.

• L’accord du MAR.

• Le consentement éclairé du patient »

Ces trois éléments s’ajoutent aux informations transmises à l’équipe d’anesthésie prenant en charge le patient :

- Le compte rendu de la consultation, signalement de tout risque particulier, éventuels résultats d’examens complémentaires et de consultations spécialisées

- La mention de l’information donnée au patient concernant l’anesthésie.

En cas de consultation délocalisée, la visite pré-anesthésique doit être particulièrement bien renseignée :

- Mention de la prise de connaissance du dossier de consultation et de la vérification des informations reçues.

- Compléments d’information.

- Confirmation du consentement.

Il reste donc beaucoup de points laissés à l’interprétation du lecteur.

La SFAR considère qu’il appartient au seul MAR qui a effectué l’anesthésie, de décider (dans le cadre d’un consensus de service ou d’équipe) des modalités de la consultation ultérieure, en prenant en compte le type d’acte à réaliser, de l’état de santé du patient et de ses contraintes sociales. Il est Pour s’abstenir d’une nouvelle consultation, un certain nombre de conditions doivent être remplies :

- Qu’il s’agisse du même acte avec la même technique d’anesthésie,

- Que le patient soit clairement informé de la possibilité d’être récusé au dernier moment si on découvre avant l’anesthésie un changement de son état de santé ou de son traitement dont l’équipe d’anesthésie n’a pas été prévenue. Cette information doit être clairement consignée dans le dossier d’anesthésie,

- Qu’il est indispensable que soit notifié auprès de l’équipe d’anesthésie (appel de la veille ou de la semaine précédente) tout changement dans l’état de santé ou dans le traitement,

- Que la visite pré-anesthésique (VPA) soit conduite comme une consultation, avec consignation dans le dossier de tous les éléments recueillis, et notamment les modifications survenues depuis l’intervention précédente, y compris la notification de l’information du patient sur la technique utilisée et son accord.

- Réaliser une consultation téléphonique dont les modalités restent à définir, en tenant notamment compte des contraintes déontologiques et des impératifs de responsabilité définis par l’ordre national des médecins31.

La télémédecine est désormais reconnue par la loi comme étant « une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication. Elle met en rapport, entre eux ou avec un patient, un ou plusieurs professionnels de santé ». Les conditions de mise en œuvre sont très encadrées et la rémunération de ces actes n’était pas prévue jusqu’à une mise à jour dans le projet « Ma santé 2022 » proposé par Madame la Ministre Agnès Buzin. Le Conseil National de l’Ordre des médecins s’est positionné33 en faveur du développement des moyens modernes de télémédecine, en souhaitant une simplification de sa réglementation et son intégration concrète dans les parcours de soins des patients et les pratiques quotidiennes des médecins.

Ainsi, la télémédecine offre la possibilité de réaliser des prestations à distance dans des zones isolées géographiquement et/ou déficientes en offre de soins. Selon la nature de la prestation, la loi distingue la téléconsultation, la télé expertise, la télésurveillance et enfin la téléassistance. La téléconsultation permet à un professionnel de santé de donner une consultation à distance, en étant éventuellement assisté par un professionnel de santé présent auprès du patient. Les moyens techniques utilisés pour une activité de télémédecine doivent être adaptés à la préservation du secret médical.

Dans les cas où une téléconsultation serait bénéfique pour le patient, et où il accepte cette modalité, le CAMR recommande cette évolution attendue de la pratique des médecins anesthésistes réanimateurs en France, tout en maintenant l’exigence de qualité rappelée en tête de ce document.

En parallèle le CAMR a exposé son point de vue sur trois points d’évolutions des pratiques :

1. Les consultations d’anesthésie présentielles délocalisées dans un établissement de santé différent de celui où va se dérouler l’acte est possible si des accords et une organisation adaptée sont prévus par les deux équipes.

Le vieillissement de la population, l’augmentation du recours aux soins, les modifications des structures de santé dans les territoires avec les groupements hospitaliers de territoires, l’évolution des techniques médicales, tout concourt à augmenter le besoin d’actes d’anesthésie, et donc de consultations pré anesthésiques. Pour limiter les déplacements des patients, parfois âgés ou pouvant difficilement se déplacer, le recours à des consultations pré anesthésiques délocalisées peut apparaître comme une solution, pour autant qu’elle respecte les exigences citées plus haut. Dans certains cas (intervention dans un centre expert), l’établissement de santé se trouve à une grande distance.

2. Des solutions sont envisagées pour la réalisation des consultations itérative au travers de la télémédecine. Des expériences ponctuelles de consultations pré anesthésiques délocalisées sont déjà mise en place dans certains établissements (Pr Bouaziz, Nancy – Moselle, Pr Albaladejo, Grenoble – Isère). Cette consultation peut se dérouler via un appel téléphonique ou par visioconférence afin de s’assurer de l’absence d’évènement intercurrent ou de modification de traitement depuis la dernière intervention, consulter le dossier et interroger le patient sur d’éventuelles complications après la précédente intervention. Il est également nécessaire de redonner au patient toutes les informations sur la technique d’anesthésie et ses complications potentielles et des consignes concernant la conduite à tenir pour les traitements préopératoires, les règles de jeune. Le cas échéant, il faudra encore rappeler les consignes propres à une prise en charge ambulatoire (accompagnant pour la sortie et/ou la première nuit, règles du jeune préopératoire, vérification de la possession des ordonnances d’antalgiques.). Le patient ou le MAR qui effectue cette consultation à distance peut demander à réaliser une consultation traditionnelle à la suite de cette consultation à distance. Dans tous les cas énumérés ci-dessus, en cas de consultation d’anesthésie itérative à distance, la visite pré anesthésique demeure essentielle. L’utilisation de nouveaux moyens pour réaliser des consultations pré anesthésiques itératives doit être étudiée et proposée.

3. Consultations d’anesthésie dématérialisées ou télémédecine : malgré un cadre normatif en cours de mise en place la réalisation de consultations d’anesthésie de télémédecine pose encore de nombreuses questions auxquelles il n’est pas aisé de répondre. Le texte ci-dessous en dresse la liste, en attendant que la réflexion de la SFAR se poursuive sur ce sujet. Une consultation pré anesthésique de télémédecine est une consultation réalisée par un MAR à distance (donc sans la présence physique du patient à ses côtés) au moyen d’un dispositif spécifique en vue d’un acte opératoire.

En ce qui concernent les consultations dématérialisées, le CAMR défini un cadre de mise en place d’une application aux CPA. Les patients consentants concernés seraient probablement ceux devant bénéficier d’une intervention à risque mineur ou intermédiaire. La consultation pré-anesthésique de télémédecine nécessiterai d’être réalisée dans un environnement adapté incluant l’authentification du praticien, l’identification du patient, une liaison sécurisée, et la capacité de réaliser à distance un examen physique.

Dans le cadre d’une consultation pré anesthésique de télémédecine, le rôle de la VPA est essentiel, puisqu’il s’agit du premier contact physique entre l’équipe d’anesthésie et le patient. L’information sera à nouveau rapportée au patient. Il est précisé par ailleurs les GHT ou réseaux de soins pourraient permettre une organisation des filières de soin et le partage de ces informations.

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